On pourrait se demander pourquoi vouloir partager cette envie de trouver d'autres chemins. Au fond, il y a quelque chose de très anecdotique dans ce récit, à supposer qu'il mène quelque part.
Il y a d'abord un essai de garder une trace. Quelques repères le long de la route qui me permettront peut-être de me retourner, plus tard, et d'apercevoir le chemin parcouru. Facile, autrement, de rester le nez dans le guidon, focaliser sur les questions et les doutes du moment, d'avoir l'impression de stagner dans l'inconnu. Pouvoir voir que certaines choses se sont résolues, que, sommes toutes, je suis allé de l'avant, ça aidera peut-être mon futur moi à retrouver courage lorsque ce sera utile.
Écrire, d'accord. Mais quel est le besoin d'ajouter au vaste chaos de mots qu'est internet ? Une envie de partager, d'échanger. J'aime croire que je ne suis pas le seul à m'interroger le monde auquel je contribue et la façon dont je le fais. Pourtant, je suis resté longtemps à nourrir une espèce d'anxiété dans mon coin, sans savoir qu'en faire, à me sentir presque un devoir de la dissimuler pour poursuivre une existence normale. Lorsque j'ai quitté mon poste en startup, j'ai expliqué à ceux qui me le demandaient les raisons de mon départ, cette dissonance entre mon quotidien et mes aspirations, cette inquiétude pour la marche du monde et ma frustration de spectateur. J'ai été surpris d'entendre de nombreux collègues partager une sensation similaire et me confier la façon dont ils se sentaient en quelque sorte coincés dans leur statu quo à eux. Alors je me dis que contribuer à rendre visibles ces questionnements ne peut pas faire de mal. Il est facile de se sentir impuissant lorsqu'on se sent seul, mais qu'un début de collectivité peut ouvrir des horizons.
Ce sera peut-être, aussi, l'occasion de découvrir d'autres personnes qui ont su trouver un chemin en accord avec leurs valeurs et leurs contraintes, et qui auront peut-être envie de partager leur expérience. Après tout, j'imagine qu'il n'a pas fallu attendre 2023 pour que l'anxiété pousse à l'action. Et puis, soyons fous, mettre mes mots sur tout ça pourrait susciter un questionnement chez d'autres qui n'en ont pas encore, ou ont un petit truc qui les dérange au fond d'eux, sans savoir trop s'en approcher.
Bref, cette idée de raconter mon essai de trouver d'autres chemins, c'est une bouteille à la mer. Au pire, ça m'aura aidé à réfléchir, à poser des mots sur ce que je traverse. Au mieux, ça sera une source d'ouvertures pour un futur moi, de motivation retrouvée ou de rencontres insoupçonnées.